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Rencontre Alan Labrosse : Un défi très ambitieux à la tête de NASCAR Canada

Rencontre Alan Labrosse : Un défi très ambitieux à la tête de NASCAR Canada

Mardi 19 mars 2024 par Philippe Brasseur
Crédit photo: Marie-Lyse Tremblay

Crédit photo: Marie-Lyse Tremblay

Ancien pilote de moto puis de monoplace dans les années 1980, gérant de pilote (Andrew Ranger et plusieurs autres), propriétaire de piste (Autodrome St-Eustache), promoteur d’événements (stock-car, drift mais aussi IndyCar à Montréal), Alan Labrosse a œuvré dans de multiples domaines depuis plus de 30 ans. Cette année, il a accepté un nouveau défi, celui de diriger la série NASCAR Canada.

C’est la première fois que NASCAR confie le contrôle de cette organisation à un Québécois. Pour Alan, le défi est de taille car si la série demeure populaire grâce à de nombreux pilotes de renom qui y participent, elle se doit d’être plus professionnelle, mieux gérée. Des tâches auxquelles Alan Labrosse s’attèle dès à présent. Il nous en parle…

Alan, qu’est-ce qui t’a motivé à accepter ce défi de prendre les commandes de NASCAR Canada, la plus importante série de sport automobile au Canada en termes de renommée ?

C’est justement ça, un défi… et il y en a plusieurs. Nous avons le mandat et l’objectif d’améliorer cette série. Tu as mentionné que nous sommes la série la plus importante au pays mais à mon avis, elle peut prendre encore plus d’ampleur. Nous avons des opportunités pour cela. J’étais en semi-retraite, parce que j’étais toujours impliqué dans les sports motorisés, et le défi ou l’honneur de travailler avec une si importante organisation, avoir la motivation de réussir pour amener la série plus haut, ont été les éléments déclencheurs.

La tâche qui t’attend est énorme pour amener cette série à un niveau professionnel…

Absolument, il y a pas mal de travail à faire. Quand j’ai rencontré les dirigeants de NASCAR à Daytona, je leur ai dit qu’ils n’avaient pas de capitaine au Canada. Ils cherchaient quelqu’un qui pourrait mener à bien les dossiers, chose qu’ils avaient quand Brad Moran était là mais c’était surtout axé sur la compétition. Parfois, les jeunes me demandent quel conseil je leur donne pour vivre de leur passion et je leur dis : il faut que ta passion soit viable… Parfois la passion peut passer comme une étoile filante, mais ce n’est pas parce que ta passion est partie, c’est que tu n’as plus les moyens de la supporter. Donc, le côté compétition c’est bien, mais il y aussi le côté commercial qui a besoin d’être développé. Il n’y avait pas de capitaine et moi j’ai été assez direct avec les gens de NASCAR. Ils ne m’ont d’ailleurs pas engagé la première fois que j’ai eu des discussions avec eux !

Parmi les éléments que tu veux changer avec cette série, le calendrier en fait-il partie ou bien tu es satisfait du calendrier tel qu’il est en 2024 ?

Le calendrier était déjà déterminé quand je suis arrivé donc je travaillerai avec ce calendrier pour 2024. On a juste une période déterminée dans l’année, avec des budgets X, donc on ne peut pas imaginer faire 16 courses, il faut être réaliste. Mais est-ce que j’ai un calendrier ultime ? La réponse est oui.

Vas-tu travailler dès cette année en vue de ce calendrier-là et sera-t-il équilibré entre ovales et circuits routiers ?

Oui, mais en tenant compte de ce qui est en place en ce moment. Je pense qu’en 2025, le calendrier va avoir quelques changements et je souhaite que les gens voient ça d’un bon oeil. On a différents clients aussi. Il y a le client d’ovale et il y a celui de circuit routier qui s’intègre et qui s’installe de plus en plus. On le constate même au sud, l’an dernier il y a eu une course NASCAR Cup dans les rues de Chicago. Je ne veux pas dire par là qu’on s’en va vers le circuit routier uniquement mais je pense qu’on peut faire mieux que ce que nous avons en ce moment et nous travaillons dans cette optique. Il faut arriver à offrir une formule de compétition pour que ça devienne un événement. Ça dépend des sites, des circuits qu’on utilise, des marchés, l’implication aux alentours du circuit. Ça prend du temps mais ce sont toutes ces choses qu’il faut travailler.

Présentement, NASCAR Canada s’intègre à des événements existants comme le Grand Prix de Trois-Rivières ou les courses de Mosport. Est-ce qu’on peut espérer qu’un jour la série soit aussi promoteur d’événements de sport automobile ?

Non, pas comme promoteur. On veut plutôt aider les promoteurs. Mieux travailler avec les promoteurs qui n’ont peut-être pas justement toute l’expérience requise pour bien préparer et promouvoir leur événement. Je donne un exemple : Terre-Neuve. Il y a quand même une participation du Ministère du tourisme mais il y manque encore des morceaux pour améliorer l’ensemble de cet événement-là et la participation des gens locaux qui ne connaissent pas toujours bien les courses.

Quelles sont tes priorités en ce moment, à deux mois de l’ouverture de la saison 2024 ?

Aller chercher de nouveaux partenaires. Je parle ici de 2 choses. Je suis directeur général de NASCAR Canada qui regroupe la série NASCAR Canada mais tu as aussi NASCAR au Canada… Il y a du travail pour développer d’éventuels événements qui pourraient avoir lieu au pays. Ça, ça vient avec la marque NASCAR. Mon mandat premier, c’est la série NASCAR, qui n‘est plus une série avec une commanditaire titre comme autrefois mais avec des partenaires, comme Evirum, comme Pinty’s et d’autres sur lesquels on travaille actuellement. Ça c’est ma priorité. Ce sont ces participations corporatives qui vont faire des revenus et de l’activation. Ces partenaires là, ce sont eux qui amènent des revenus à la série, des revenus aux équipes et aux pistes mais c’est souvent aussi eux qui amènent des activités dans la ville hôte avec la participation des consommateurs qui viennent découvrir le NASCAR.

Souvent, le problème des séries candiennes, autant en rallye, qu’en circuit routier et en stock-car, c’est qu’être champion d’une discipline n’ouvre pas les portes vers des championnats internationaux. Est-ce un objectif pour toi quand tu parlais de recherche de partenaires, que d’ouvrir les portes à un champion de NASCAR Canada vers des séries tel que Xfinity ou Cup ?     

Ma première réaction à ça, c’est de dire que tout est possible. Est-ce qu’on connaissait Shane van Gisbergen en Amérique du Nord avant la course de Chicago en juillet dernier ? Non. Il vient de Nouvelle-Zélande, un tout petit pays sans constructeur automobile. Donc, je prendrais ça comme l’exemple de choses qui peuvent se faire sans avoir une filière en place. Je travaille avec les gens de NASCAR mais je siège également sur le comité international de NASCAR. J’ai donc beaucoup d’opportunités pour rencontrer des personnes et des compagnies qui ont une présence ailleurs qu’au Canada ou qui ont un marché au Canada sans être présents en sport automobile. Donc on va enfin pouvoir commencer à travailler avec des opportunités qui vont créer d’autres opportunités. Si commercialement tu as des opportunités, normalement ça peut mettre la lumière sur un talent ou une équipe. Pour répondre à ta question, ça ne se fait pas en claquant des doigts que d’amener un pilote vers les séries Cup ou Xfinity mais on a des opportunités qu’on va créer car elles n’ont jamais été développées au Canada.

Tes prédictions ppour la saison 2024 ? Domination des pilotes québécois ? Et as-tu un favori pour le titre ?

Dans la position dans laquelle je me trouve, je ne peux pas avoir de pilote favori. Maintenant, est-ce que j’ai des liens d’amitié avec certains un peu plus que d’autres ? Oui. Mais vraiment, même si c’est personnel, pour moi c’est l’ensemble du succès de la compétition, qu’elle soit bonne et excitante, qu’elle plaise à la clientèle existante et aussi à une clientèle future, qui compte. J’ai débuté en sport auto comme un pilote compétitif et ça, ça ne m’a jamais quitté. Je dirais même que de revenir dans le milieu des courses avec ce poste, ça a rallumé le feu du compétiteur en moi ! Aujourd’hui, ma compétition ce n’est pas de gagner la course mais plutôt d’avoir des réussites pour l’ensemble. Je ne fais pas de prédictions en ce qui a trait au championnat mais plutôt une prédiction pour ce qui est de l’ensemble : on s’en va dans la bonne direction. Je suis quelqu’un de compétitif; je ne voudrais pas dire entêté, mais très sûrement obsessif pour que ça marche avec NASCAR Canada.